Les jeunes s’interrogent...

Pourquoi est-​ce que je recherche toujours la perfection ?

“ Comme mon père était professeur, tout le monde s’attendait à ce que je n’obtienne que des 20. Parfois, je m’endormais en pleurant. ” — Léa *.

“ Je suis perfectionniste. Je dois être le meilleur ou faire les choses différemment des autres, sinon je n’y vois aucun intérêt. ” — Frédéric.

RECHERCHEZ-​VOUS toujours la perfection ? Avez-​vous constamment l’impression de ne pas être assez bon, en dépit de tous vos efforts ? Êtes-​vous allergique à la moindre critique ? Quand les choses ne vont pas, vous culpabilisez-​vous et vous traitez-​vous d’âne, de nul, de bon à rien ? Pour qu’une tâche soit accomplie correctement, pensez-​vous devoir vous en occuper vous-​même ? Votre peur d’échouer vous fait-​elle parfois remettre les choses au lendemain ou vous paralyse-​t-​elle ?

Qu’en est-​il de vos relations avec les autres ? Êtes-​vous seul parce que personne autour de vous n’est à la hauteur ? Vous focalisez-​vous sur les défauts des autres ? Si vous répondez par l’affirmative à l’une de ces questions, c’est peut-être que vous luttez contre une tendance : le perfectionnisme. Si tel est le cas, vous êtes loin d’être le seul. Cette tendance est répandue chez les jeunes, surtout chez ceux qui sont doués ou qui réussissent dans la vie *.

À quoi est dû le perfectionnisme ? Les psychologues ne proposent que des théories. Le livre Le perfectionnisme : quel mal y a-​t-​il à être trop bon ? (angl.) avance cette idée : “ Le perfectionnisme n’est pas une maladie ; vous ne l’avez pas attrapé. Le perfectionnisme n’est pas héréditaire ; vous n’êtes pas né avec. Alors comment en êtes-​vous arrivé là ? D’après des spécialistes, cette tendance se développe pendant l’enfance. Les pressions familiales, personnelles, sociales, médiatiques, et les modèles irréalistes constituent une puissante influence qui pousse certaines personnes à se tourmenter, à se culpabiliser et à se surmener toute leur vie. ”

Quelle qu’en soit la cause, le besoin constant d’être parfait risque de vous gâcher la vie. Examinons de plus près ce qu’est le perfectionnisme et pourquoi il peut vous nuire.

Qu’est-​ce que le perfectionnisme ?

Être perfectionniste, c’est plus que chercher la qualité ou être fier d’un travail bien fait. Après tout, en Proverbes 22:29, la Bible loue l’homme qui est “ habile dans son travail ”. Elle parle  également en termes élogieux de plusieurs personnages qui ont excellé dans divers domaines (1 Samuel 16:18 ; 1 Rois 7:13, 14). Il est donc bien de viser l’excellence et de se fixer des objectifs élevés, mais réalistes. De cette façon, on peut faire “ voir à son âme le bien à cause de son dur travail ”. — Ecclésiaste 2:24.

Le perfectionniste, cependant, n’éprouve pas ce genre de satisfaction. Il possède une vision complètement déformée de la réussite. Selon des spécialistes, le perfectionnisme se caractérise par “ des objectifs inaccessibles (c’est-à-dire la perfection) et une insatisfaction perpétuelle, quels que soient les résultats ”. Voilà pourquoi il “ engendre un stress permanent et le sentiment d’être un raté ”. Un ouvrage définit le perfectionniste comme celui qui a “ la conviction absurde que lui et/ou son entourage doivent être parfaits ” et qui est “ obnubilé par l’idée que tout ce qu’il entreprend dans la vie doit être accompli à la lettre, sans déviation, sans erreurs ni incohérences ”.

Mais Jésus a déclaré : “ Vous devez donc être parfaits, comme votre Père céleste est parfait. ” (Matthieu 5:48). Cependant, il ne voulait pas dire que l’on peut être parfait au sens absolu. La Bible n’enseigne-​t-​elle pas que tous les humains “ ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu ” ? (Romains 3:23.) Que voulait donc dire Jésus ? Dans la Parole de Dieu, le mot “ parfait ” emporte l’idée d’être complet (Matthieu 19:21). En fait, quand il a demandé à ses disciples d’être parfaits, Jésus parlait de l’amour et il les encourageait à être plus complets dans leur amour. Comment ? En aimant même leurs ennemis. Luc, un des rédacteurs de la Bible, a rapporté ces propos de Jésus : “ Continuez à devenir miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux. ” — Luc 6:36.

Les perfectionnistes, eux, s’imaginent qu’il est possible d’atteindre la perfection au sens absolu. Par conséquent, ils exigent parfois beaucoup des autres. D’après le livre Y a-​t-​il des perfectionnistes heureux ? ce sont “ des gens exaspérés par la manière dont les gens de leur entourage accomplissent leurs tâches [...]. Selon eux, les autres se moquent de faire ou non du bon travail ; la conscience professionnelle n’existe pas ”.

Carly, par exemple, qui a de bons résultats scolaires, suit des cours pour élèves surdoués. Toutefois, dans ses relations avec les autres, elle a plus de mal. Parce qu’elle cherche toujours la perfection, elle a perdu la plupart de ses amis. “ Je pense qu’ils n’étaient pas assez biens ”, raconte-​t-​elle.

D’autres attendent la perfection, non pas des autres, mais d’eux-​mêmes. Comme l’explique le livre cité précédemment, ces personnes-​là sont convaincues de “ l’insuffisance de leurs efforts [...], et [elles] se préoccupent particulièrement de ce que les autres pensent d’elles ”.

À vouloir être parfait...

Loin d’être bénéfique, la recherche de la perfection s’avère généralement nuisible. Et loin de favoriser la qualité, un tel état d’esprit conduit souvent à l’échec. Daniel, un chrétien, se rappelle avoir travaillé d’arrache-pied sur un  exposé qu’il devait présenter dans une Salle du Royaume des Témoins de Jéhovah. De nombreux assistants l’ont félicité. L’instructeur lui a ensuite donné avec tact quelques conseils. La Bible nous encourage à ‘ écouter le conseil et à accepter la discipline ’. (Proverbes 19:20.) Pourtant, au lieu de faire bon accueil aux remarques constructives de l’instructeur, Daniel a éprouvé un sentiment d’échec. “ J’avais envie de me cacher dans un trou ”, se souvient-​il. Il a passé des nuits blanches pendant des semaines.

Le perfectionnisme peut aussi constituer un obstacle à l’apprentissage. Dans un article paru sur un site Internet pour les jeunes, une adolescente, Rachel, écrit : “ Lorsque je suis entrée au lycée, j’étais déterminée à réussir. J’avais toujours eu des 20 et je ne voyais pas pourquoi les choses changeraient. ” Rachel n’a cependant pas tardé à constater qu’elle avait des difficultés en algèbre ; elle a obtenu “ seulement ” un 18. “ Pour tous les autres, c’était une bonne note, mais pour moi [...] c’était une honte. J’ai commencé à paniquer et à m’inquiéter [...]. Je n’osais pas demander de l’aide à mon professeur pour ne pas lui donner l’impression que je ne comprenais rien [...]. Parfois, j’en venais presque à me convaincre qu’il valait mieux mourir qu’échouer. ”

Par peur d’un échec, certains envisagent même le suicide. Heureusement, la plupart des jeunes n’ont pas une réaction aussi extrême. Toutefois, comme l’a fait observer la psychologue Sylvia Rimm, ils essaieront peut-être d’éviter l’échec en ne prenant aucun risque. Certains perfectionnistes “ ne remettent pas leurs dissertations, ne sont pas fiers de leur travail, oublient leurs devoirs, se trouvent des excuses ”, ajoute-​t-​elle.

D’autres jeunes, par contre, sont prêts à tout pour réussir. “ Je travaillais tard pour que mes devoirs scolaires soient impeccables ”, confie Daniel. Le problème est qu’en agissant ainsi on va à l’encontre du but recherché. En effet, un élève fatigué est généralement moins performant.

Rien de surprenant à ce que perfectionnisme rime avec tempérament coléreux, sentiment de médiocrité, culpabilité, pessimisme, troubles alimentaires et dépression. Pire, le perfectionnisme peut être dangereux sur le plan spirituel. Par exemple, la Bible ordonne aux chrétiens d’exprimer leur foi (Romains 10:10 ; Hébreux 10:24, 25). Viviane, cependant, se retenait de donner des commentaires lors des réunions chrétiennes, parce qu’elle avait peur de ne pas trouver le mot juste. Léa, une jeune chrétienne, éprouvait les mêmes craintes. “ Si je me trompe, les autres porteront un mauvais jugement sur moi. Alors je me tais. ”

À l’évidence, la recherche de la perfection n’apporte rien de bon. Si vous vous reconnaissez dans l’un des traits décrits dans cet article, peut-être jugerez-​vous nécessaire de changer quelque peu votre façon de penser. Un prochain article vous donnera des suggestions dans ce domaine.

[Notes]

[Illustration, page 12]

Par peur d’échouer, certains jeunes ne terminent pas leurs devoirs.

[Illustration, page 13]

Le perfectionnisme rend morose et insatisfait de soi.