Évangile selon Matthieu 8​:​1-34

8  Après qu’il fut descendu de la montagne, de grandes foules le suivirent.  Et, voyez, un lépreux s’avança, s’inclina devant lui et lui dit : « Seigneur, si tu le veux, tu peux me rendre pur+. »  Tendant la main, Jésus le toucha et lui dit : « Je le veux ! Deviens pur+. » Et immédiatement, il fut purifié de sa lèpre+.  Jésus ajouta : « Surtout, n’en parle à personne+. Par contre, va te montrer au prêtre+ et fais l’offrande que Moïse a ordonnée+. Ce sera un témoignage pour eux+. »  Quand il entra dans Capharnaüm, un officier vint vers lui et le supplia+ :  « Seigneur, mon serviteur est couché à la maison : il est paralysé et souffre énormément. »  Il lui dit : « Je vais aller chez toi et je vais le guérir. »  L’officier lui répondit : « Seigneur, je ne suis pas digne que tu viennes sous mon toit. Il suffit que tu donnes un ordre, et mon serviteur sera guéri.  Car moi aussi j’obéis à mes supérieurs, et j’ai des soldats sous mes ordres. Quand je dis à l’un : “Va !”, il va. Quand je dis à un autre : “Viens !”, il vient. Et quand je dis à mon serviteur : “Fais ceci !”, il le fait. » 10  En entendant cela, Jésus fut admiratif, et il dit à ceux qui le suivaient : « Je vous dis la vérité : chez personne en Israël je n’ai trouvé une foi aussi grande+. 11  Et je vous dis que beaucoup viendront de l’est et de l’ouest, et s’étendront à table avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume des cieux+. 12  Mais les fils du Royaume, eux, seront jetés dehors, dans les ténèbres. Là, ils pleureront et grinceront des dents+. » 13  Puis Jésus dit à l’officier : « Rentre chez toi. Ce que tu as demandé avec foi t’est accordé+. » Et au moment même, le serviteur fut guéri+. 14  En entrant dans la maison de Pierre, Jésus vit que sa belle-mère+ était couchée, avec de la fièvre+. 15  Il lui toucha alors la main+, et sa fièvre disparut. Elle se leva et se mit à le servir. 16  Le soir venu, on amena à Jésus beaucoup de gens possédés par des démons. Il expulsa les esprits d’une simple parole, et il guérit tous ceux qui étaient malades. 17  C’était pour que s’accomplisse ce que le prophète Isaïe avait annoncé : « Il a pris lui-​même nos faiblesses et a porté nos maladies+. » 18  Quand Jésus vit une foule autour de lui, il ordonna à ses disciples de passer de l’autre côté de la mer+. 19  Alors un scribe vint vers lui et lui dit : « Enseignant, je te suivrai partout où tu iras+. » 20  Mais Jésus lui répondit : « Les renards ont des tanières et les oiseaux ont des nids, mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où poser la tête+. » 21  Puis un autre disciple lui demanda : « Seigneur, permets-​moi d’abord d’aller enterrer mon père+. » 22  Jésus lui dit : « Continue à me suivre, et laisse les morts enterrer leurs morts+. » 23  Puis Jésus monta dans un bateau, et ses disciples le suivirent+. 24  Mais, voyez, il y eut une grande tempête sur la mer, si bien que les vagues recouvraient le bateau. Jésus, lui, dormait+. 25  Ils le réveillèrent en disant : « Seigneur, sauve-​nous ! Nous allons mourir ! » 26  Mais il leur demanda : « Pourquoi avez-​vous si peur, hommes de peu de foi+ ? » Puis il se leva et parla sévèrement au vent et à la mer. Et il y eut un grand calme+. 27  Les disciples furent stupéfaits et dirent : « Quelle sorte d’homme est-​ce là ? Même le vent et la mer lui obéissent ! » 28  Quand il arriva de l’autre côté, dans la région de Gadara, deux hommes possédés par des démons sortirent du milieu des* tombes et vinrent à sa rencontre+. Ils étaient si agressifs que personne n’avait le courage de passer par cette route. 29  Ils crièrent : « Qu’avons-​nous à faire avec toi, Fils de Dieu+ ? Es-​tu venu ici pour nous tourmenter+ avant le moment fixé+ ? » 30  À une bonne distance, il y avait un grand troupeau de porcs en train de manger+. 31  Et les démons se mirent à le supplier : « Si tu nous expulses, envoie-​nous dans le troupeau de porcs+. » 32  Il leur répondit : « Allez-​y ! » Ils sortirent donc des hommes et entrèrent dans les porcs. Alors, du haut de la falaise, tout le troupeau se précipita dans la mer et se noya ! 33  Les gardiens du troupeau s’enfuirent, entrèrent dans la ville et racontèrent tout, y compris ce qui était arrivé aux hommes possédés par les démons. 34  Et tous les habitants de la ville sortirent à la rencontre de Jésus. Quand ils le virent, ils insistèrent pour qu’il quitte leur région+.

Notes

Ou « sortirent des ».

Notes d'étude

voyez : Le mot grec idou, traduit ici par « voyez », est souvent utilisé pour attirer l’attention sur ce qui suit et inciter le lecteur à s’imaginer la scène ou à s’arrêter sur un détail du récit. Il permet aussi de produire une accentuation ou d’introduire une information nouvelle ou surprenante. Dans cette édition, ce mot grec a été rendu de différentes manières en fonction du contexte et, dans certains cas, il n’a pas été traduit. Les livres des Écritures grecques chrétiennes qui emploient le plus ce terme sont les Évangiles de Matthieu et de Luc et le livre de la Révélation. Une expression équivalente est souvent utilisée dans les Écritures hébraïques.

nous incliner devant lui : Ou « lui rendre hommage ». Quand le verbe grec proskunéô est utilisé pour parler de l’adoration que l’on voue à un dieu ou à une divinité, il est traduit par « adorer ». Mais dans ce contexte, les astrologues demandent où se trouve « celui qui est né roi des Juifs ». Il est donc clair que le verbe désigne ici l’hommage ou l’honneur rendu à un roi humain, et non à un dieu. On trouve une utilisation semblable de ce mot en Mc 15:18, 19, où des soldats se moquent de Jésus en ‘s’inclinant devant lui’ et en l’appelant « roi des Juifs » (voir note d’étude sur Mt 18:26).

voyez : Voir note d’étude sur Mt 1:20.

un lépreux : C’est-à-dire une personne atteinte d’une grave maladie de la peau. La lèpre dont parle la Bible ne désigne pas seulement la maladie qui porte ce nom aujourd’hui. Le mot hébreu traduit par « lèpre » a un sens large : la « lèpre » désignait plusieurs maladies de peau et pouvait toucher des vêtements et des maisons. Si quelqu’un était déclaré lépreux, il devait vivre à l’écart tant qu’il n’était pas guéri (Lv 13:2, 45, 46 ; voir lexique à « lèpre ; lépreux »).

s’inclina devant lui : Ou « lui rendit hommage », « lui rendit honneur ». Dans les Écritures hébraïques, il est aussi question de personnes qui se sont inclinées lorsqu’elles se sont trouvées en présence de prophètes, de rois ou d’autres représentants de Dieu (1S 25:23, 24 ; 2S 14:4-7 ; 1R 1:16 ; 2R 4:36, 37). Le lépreux reconnaissait manifestement qu’il s’adressait à un représentant de Dieu qui avait le pouvoir de guérir. Il était approprié qu’il s’incline afin de montrer son respect pour le futur Roi désigné par Jéhovah (Mt 9:18 ; pour en savoir plus sur le mot grec utilisé ici, voir note d’étude sur Mt 2:2).

Jésus le toucha : La Loi mosaïque exigeait que les lépreux soient mis en quarantaine pour qu’ils ne contaminent pas les autres (Lv 13:45, 46 ; Nb 5:1-4). Cependant, les chefs religieux juifs imposaient des règles supplémentaires. Par exemple, personne ne devait s’approcher d’un lépreux à moins de 4 coudées (environ 1,80 m), et les jours de vent, la distance de sécurité montait à 100 coudées (environ 45 m). Ce genre de règles en amenait certains à traiter les lépreux avec cruauté. Des écrits juifs anciens parlent même en bien d’un rabbin qui se cachait des lépreux, et d’un autre qui leur jetait des pierres pour les tenir à distance. Jésus, quant à lui, a été tellement touché par la situation tragique du lépreux qu’il a fait ce qui, pour les autres Juifs, était impensable : il a touché cet homme. Il a agi ainsi alors qu’il aurait pu le guérir d’une simple parole (Mt 8:5-13).

Je le veux : Jésus n’a pas seulement pris acte de la requête, il a aussi exprimé son vif désir d’y donner satisfaction ; il n’était pas simplement animé par le sens du devoir.

n’en parle à personne : Jésus a probablement donné cette instruction parce qu’il ne voulait pas faire quoi que ce soit qui aurait attiré l’attention sur lui, alors qu’elle doit être dirigée sur Jéhovah et la bonne nouvelle du Royaume. En agissant ainsi, il a réalisé la prophétie rapportée en Is 42:1, 2, qui dit que le serviteur de Jéhovah ‘ne ferait pas entendre sa voix dans la rue’, c’est-à-dire qu’il ne chercherait pas à faire sensation (Mt 12:15-19). L’humilité de Jésus offrait un contraste réconfortant avec l’hypocrisie de ceux qui priaient « aux coins des grandes rues pour être remarqués par les hommes », et que Jésus a condamnés (Mt 6:5). Jésus voulait apparemment que les gens soient convaincus qu’il était le Christ non sur la base de récits à sensation, mais grâce à des preuves solides.

n’en parle à personne : Voir note d’étude sur Mc 1:44.

va te montrer au prêtre : Selon la Loi mosaïque, si un lépreux pensait être guéri, un prêtre devait l’examiner. Le lépreux guéri devait aussi se rendre au Temple et présenter les offrandes requises (Lv 14:2-32).

Capharnaüm : Voir note d’étude sur Mt 4:13.

officier : Ou « centurion », c’est-à-dire un officier de l’armée romaine qui était à la tête d’une centaine de soldats.

Capharnaüm : Vient d’un nom hébreu qui signifie « village de Nahum » ou « village de consolation » (Na 1:1, note). Ville d’une grande importance dans le ministère terrestre de Jésus, elle est appelée « sa ville » en Mt 9:1 ; elle se trouvait sur la rive NO de la mer de Galilée.

Seigneur : Ou « monsieur ». Ici, simple appellation de politesse.

mon serviteur : Le terme grec rendu par « serviteur » signifie littéralement « enfant », « garçon ». Il peut être employé au sujet d’un esclave pour qui son maître avait de l’affection, par exemple un esclave qui était attaché à son service personnel.

Seigneur : Ou « monsieur ». Ici, simple appellation de politesse.

beaucoup viendront de l’est et de l’ouest : Cette expression indique que des non-Juifs feraient partie des dirigeants adjoints de Christ dans le Royaume.

s’étendront à table : Ou « prendront un repas ». Aux temps bibliques, lors des banquets et des grands repas, on mettait souvent des divans autour de la table. Ceux qui prenaient le repas s’allongeaient sur un divan, la tête vers la table, et s’appuyaient généralement sur le coude gauche, posé sur un coussin. D’habitude, on prenait la nourriture de la main droite. S’étendre à table avec quelqu’un signifiait qu’on entretenait avec lui des relations étroites. À l’époque de Jésus, des Juifs n’auraient jamais fait cela avec des non-Juifs.

grinceront des dents : Ou « serreront les dents », « crisseront des dents ». Cette expression emporte entre autres l’idée de chagrin, de désespoir et de colère, qui peuvent s’accompagner de paroles acerbes et d’actes violents.

la belle-mère de Simon : C.-à-d. la belle-mère de Pierre, aussi appelé Céphas (Jean 1:42). Cette expression cadre bien avec les paroles de Paul en 1Co 9:5, où il parle de Céphas comme d’un homme marié. Apparemment, la belle-mère de Pierre vivait chez lui, dans une maison qu’il occupait avec son frère André (Mc 1:29-31 ; pour d’autres détails sur les différents noms donnés à Pierre, voir note d’étude sur Mt 10:2).

avait une forte fièvre : Matthieu et Marc disent que la belle-mère de Pierre était « couchée » et qu’elle avait de la « fièvre » (Mt 8:14 ; Mc 1:30). Seul Luc a signalé, sans doute parce qu’il était médecin, la gravité de son état, en précisant qu’il s’agissait d’une « forte fièvre » (voir « Introduction à Luc »).

sa belle-mère : Voir note d’étude sur Lc 4:38.

fièvre : Voir note d’étude sur Lc 4:38.

Le soir venu : Autrement dit, alors que le jour du sabbat venait de s’achever, comme l’indiquent les récits parallèles de Mc 1:21-32 et de Lc 4:31-40.

pour que s’accomplisse ce que le prophète Isaïe avait annoncé : Voir note d’étude sur Mt 1:22.

a porté : Ou « a emporté », « a enlevé ». Sous l’inspiration de Dieu, Matthieu applique ici Is 53:4 aux guérisons miraculeuses accomplies par Jésus. Ce passage d’Isaïe connaîtra un accomplissement plus étendu quand Jésus emportera le péché au loin de façon définitive, tout comme le bouc « pour Azazel » emportait les péchés d’Israël dans le désert le jour de la Réconciliation (Lv 16:10, 20-22). En « emportant » le péché, Jésus éliminera la cause première de la maladie, pour le bonheur de tous ceux qui exercent la foi dans la valeur de son sacrifice.

pour que s’accomplisse ce que Jéhovah avait annoncé par l’intermédiaire de son prophète : Cette expression et d’autres du même genre apparaissent de nombreuses fois dans l’Évangile de Matthieu, sans doute pour attirer l’attention du public juif sur le fait que Jésus est le Messie promis (Mt 2:15, 23 ; 4:14 ; 8:17 ; 12:17 ; 13:35 ; 21:4 ; 26:56 ; 27:9).

l’autre côté de la mer : C.-à-d. la rive E de la mer de Galilée.

Fils de l’homme : Ou « Fils d’un humain ». Cette expression apparaît environ 80 fois dans les Évangiles. Jésus se l’est appliquée à lui-​même, manifestement pour souligner qu’il était réellement un humain, né d’une femme, et qu’il était l’équivalent exact du premier humain, Adam, et avait ainsi le pouvoir de racheter l’humanité du péché et de la mort (Rm 5:12, 14, 15). Cette expression désignait également Jésus comme étant le Messie, ou le Christ (Dn 7:13, 14 ; voir lexique).

pas d’endroit où poser la tête : Autrement dit, Jésus n’avait pas de maison à lui.

enterrer mon père : Voir note d’étude sur Lc 9:59.

enterrer mon père : Cette expression ne signifie probablement pas que l’homme venait de perdre son père et qu’il voulait juste organiser les funérailles. Si cela avait été le cas, il y aurait eu peu de chances qu’il soit là, en train de parler avec Jésus. En effet, dans le Proche-Orient ancien, quand quelqu’un mourait, sa famille organisait les funérailles très rapidement, généralement le jour même. Le père de l’homme était donc peut-être en mauvaise santé ou âgé, mais il n’était pas mort. Et comme Jésus n’aurait pas demandé à cet homme d’abandonner un parent malade et dans le besoin, il devait y avoir des membres de sa famille qui pouvaient s’occuper de son père (Mc 7:9-13). L’homme disait en quelque sorte : « Je te suivrai, mais pas tant que mon père est en vie. Attends qu’il meure et que je l’enterre. » Du point de vue de Jésus, cependant, l’homme manquait là une occasion de mettre les intérêts du royaume de Dieu à la première place dans sa vie (Lc 9:60, 62).

laisse les morts enterrer leurs morts : Voir note d’étude sur Lc 9:60.

Laisse les morts enterrer leurs morts : Comme l’explique la note d’étude sur Lc 9:59, le père de l’homme à qui Jésus parle est probablement en mauvaise santé ou âgé, mais il n’est pas mort. Jésus dit donc en quelque sorte : « Laisse ceux qui sont morts du point de vue de Dieu enterrer leurs morts » ; autrement dit, Jésus conseille à l’homme de ne pas remettre à plus tard sa décision de le suivre, car des membres de sa famille peuvent apparemment s’occuper de son père jusqu’à sa mort. En suivant Jésus, l’homme prendrait le chemin qui mène à la vie éternelle et ne marcherait pas parmi ceux qui sont morts du point de vue de Dieu. Dans sa réponse, Jésus montre que mettre le royaume de Dieu à la première place dans sa vie et prêcher ce royaume en tout lieu est essentiel pour rester vivant aux yeux de Dieu.

une grande tempête : Ce genre de tempêtes est courant sur la mer de Galilée. La surface de ce lac se situe à environ 210 m au-dessous du niveau de la mer, et la température de l’air y est plus élevée que sur les plateaux et dans les montagnes des environs. Tout cela engendre des perturbations atmosphériques et des vents violents qui peuvent rapidement soulever de grosses vagues.

hommes de peu de foi : Jésus ne déplorait pas une absence de foi, mais leur manque de foi ou la faiblesse de leur foi (Mt 14:31 ; 16:8 ; Lc 12:28 ; voir note d’étude sur Mt 6:30).

gens de peu de foi : Jésus a appliqué cette expression à ses disciples, montrant par là que leur conviction, ou leur confiance, n’était pas forte (Mt 8:26 ; 14:31 ; 16:8 ; Lc 12:28). Il déplorait non pas une absence de foi, mais leur manque de foi ou la faiblesse de leur foi.

région de Gadara : Litt. « région des Gadaréniens ». Région située sur l’autre rive de la mer de Galilée, à l’E. Elle s’étendait peut-être de la mer jusqu’à la ville de Gadara, qui se trouvait à 10 km à l’intérieur des terres. Cette hypothèse semble être corroborée par des pièces de monnaie venant de Gadara, qui portent souvent l’image d’un bateau. Marc et Luc appellent la région où Jésus arrive « région des Géraséniens » (voir note d’étude sur Mc 5:1). Peut-être que ces deux régions se chevauchaient (voir app. A7, carte 3B, « Activité à la mer de Galilée », et app. B10).

deux : Les récits de Marc (5:2) et de Luc (8:27) ne mentionnent qu’un seul homme possédé par des démons (voir note d’étude sur Mc 5:2).

tombes : Ou « tombes de souvenir » (voir lexique à « tombe de souvenir »). Apparemment, ces tombes étaient des grottes naturelles ou des cavités creusées dans la roche. En général, elles étaient situées à l’extérieur des villes. Comme les Juifs les évitaient en raison de l’impureté rituelle qu’elles pouvaient entraîner, les endroits où elles se trouvaient étaient un refuge idéal pour des personnes possédées par des démons ou atteintes de folie.

un homme : L’évangéliste Matthieu (8:28) parle de deux hommes, mais Marc et Luc (8:27) n’en mentionnent qu’un. Marc et Luc se focalisent sur un seul possédé sans doute parce que c’est à lui que Jésus a parlé et parce que sa situation était la pire. Cet homme était peut-être plus violent ou avait souffert plus longtemps sous l’emprise des démons. Il est possible aussi qu’après sa guérison et celle de l’autre homme, il ait été le seul à vouloir accompagner Jésus (Mc 5:18-20).

région des Géraséniens : Région située sur l’autre rive de la mer de Galilée, à l’E. Les frontières exactes de cette région sont aujourd’hui inconnues, et on ne peut pas l’identifier avec certitude. Certains associent la « région des Géraséniens » à la région qui entoure Kursi, une ville proche des escarpements de la rive E de la mer. D’autres pensent qu’il s’agissait de la vaste région qui entourait Gerasa (Djerach), ville située à 55 km au SSE de la mer de Galilée. Mt 8:28 l’appelle la « région de Gadara [litt. : « des Gadaréniens », note] » (voir note d’étude sur Géraséniens dans ce verset et note d’étude sur Mt 8:28). Même si des noms différents sont utilisés, ils désignent grosso modo la même zone située sur la rive E de la mer de Galilée ; les deux régions se chevauchaient peut-être. Par conséquent, les différents récits ne se contredisent pas (voir aussi app. A7, carte 3B, « Activité à la mer de Galilée », et app. B10).

Qu’avons-​nous à faire avec toi [...] ? : Ou « qu’y a-​t-​il de commun entre nous et toi ? ». La question rhétorique du texte original se traduit littéralement par : « Quoi pour nous et pour toi ? » Cette expression, utilisée plusieurs fois dans les Écritures grecques chrétiennes (Mt 8:29 ; Mc 1:24 ; 5:7 ; Lc 4:34 ; 8:28 ; Jean 2:4), vient d’une expression idiomatique sémitique qui se retrouve dans le texte original des Écritures hébraïques (Jos 22:24 ; Jg 11:12 ; 2S 16:10 ; 19:22 ; 1R 17:18 ; 2R 3:13 ; 2Ch 35:21 ; Os 14:8). Sa signification exacte dépend du contexte. Dans ce verset, cette expression exprime l’hostilité et le rejet. C’est pourquoi certains proposent des traductions comme : « Ne viens pas nous embêter ! » ou « Laisse-​nous tranquilles ! » Dans d’autres contextes, elle exprime une différence de point de vue ou d’opinion, ou elle marque le refus de quelqu’un d’accomplir quelque chose qui lui est suggéré ; dans ces deux cas, elle n’a aucune connotation de dédain, d’arrogance ou d’hostilité (voir note d’étude sur Jean 2:4).

nous tourmenter : Le terme grec rendu par « tourmenter » est apparenté à celui qui est rendu par « gardiens de prison » en Mt 18:34. Dans ce contexte, le « tourment » semble donc désigner l’emprisonnement dans l’« abîme » mentionné en Lc 8:31, un récit parallèle.

en quoi cela nous regarde-​t-​il, toi et moi ? : Quand elle a dit à Jésus : « Ils n’ont plus de vin » (Jean 2:3), Marie lui suggérait certainement de faire quelque chose pour remédier à la situation. Il est intéressant de le noter, car, jusque-​là, Jésus n’avait accompli aucun miracle. Pour répondre à sa mère, Jésus a employé une expression idiomatique sémitique qui peut être rendue littéralement par « quoi pour moi et pour toi ? ». Cette expression emporte fondamentalement l’idée de désaccord, et son sens exact dépend du contexte. Elle exprime parfois l’hostilité et le rejet (Mt 8:29 ; Mc 1:24 ; 5:7 ; Lc 4:34 ; 8:28), mais, dans le cas présent, il s’agit manifestement d’un désaccord exprimé avec douceur (dans le texte original des Écritures hébraïques, on trouve aussi cette expression idiomatique exprimée sans dureté, par exemple en 2S 16:9, 10 et en 1R 17:18, note). La suite de la réponse de Jésus montre pourquoi il hésitait ; il dit : Mon heure n’est pas encore venue. Il n’empêche que la réaction de Jésus à la suggestion de sa mère montrait manifestement qu’il ne refusait pas d’apporter son aide, comme le révèle l’initiative de Marie au verset 5.

porcs : Il y avait des élevages de porcs dans la région, même si c’était un animal impur d’après la Loi. On ne sait pas si les « gardiens du troupeau » (Mt 8:33) étaient des Juifs qui violaient la Loi. Quoi qu’il en soit, de nombreux non-Juifs vivant en Décapole achetaient et consommaient du porc, étant donné que les Grecs et les Romains considéraient cette viande comme un mets délicat.

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Centurion, ou officier, romain en tenue de combat
Centurion, ou officier, romain en tenue de combat

Le grade le plus élevé que pouvait atteindre un simple soldat était celui de centurion. Le centurion entraînait les soldats, inspectait leurs armes, leur équipement et leur nourriture, et surveillait leur conduite. La réactivité et l’efficacité de l’armée romaine reposaient dans une large mesure sur les centurions, plus que sur n’importe qui d’autre. C’étaient généralement les éléments les plus expérimentés et les plus précieux de l’armée romaine. Voilà qui rend la foi et l’humilité du centurion qui a sollicité l’aide de Jésus d’autant plus remarquables !

Les tanières des renards et les nids des oiseaux
Les tanières des renards et les nids des oiseaux

Jésus a mis en contraste sa situation — c’est-à-dire le fait qu’il n’avait pas de domicile permanent — avec celle des renards, qui ont des tanières, et des oiseaux, qui ont des nids. Les renards que l’on voit sur la photo (Vulpes vulpes) vivent non seulement au Moyen-Orient, mais aussi en Afrique, en Asie, en Europe et en Amérique du Nord ; ils ont également été introduits en Australie. Pour s’abriter, le renard peut utiliser une cavité naturelle, ou bien un terrier qui a été abandonné ou qu’il s’est approprié après en avoir délogé l’occupant ; il peut aussi se creuser sa propre tanière dans le sol. L’oiseau sur la photo, une bouscarle de Cetti (Cettia cetti), est une des quelque 470 espèces d’oiseaux que l’on peut observer en Israël à un moment ou à un autre de l’année. Il existe toutes sortes de nids d’oiseaux : ils peuvent être situés sur des branches d’arbre, dans des troncs creux ou à flanc de falaise, et ils sont faits de matériaux tels que des brindilles, des feuilles, des algues, de la laine, de la paille, de la mousse ou des plumes. La topographie du pays va des froids sommets des montagnes aux étouffantes et profondes vallées, des déserts arides aux plaines maritimes, tout cela concentré près de l’angle SE de la Méditerranée ; cette variété en fait un habitat attrayant pour toutes sortes d’oiseaux, qu’ils y vivent à longueur d’année ou qu’ils y fassent étape au cours de leur migration.

Falaises de la rive est de la mer de Galilée
Falaises de la rive est de la mer de Galilée

C’est sur la rive E de la mer de Galilée que Jésus a libéré deux hommes de l’emprise de démons, qu’il a ensuite envoyés dans un troupeau de porcs.